Nouvelle codification des légendes

        Nouvelle codification des légendes

 

 

  Quand on lit un ouvrage sur les monnaies antiques, on rencontre souvent le même problème: la manière d'écrire les légendes change d'un ouvrage à un autre et est souvent pas assez précise ou les descriptions sont très longues. Dans les cas des descriptions longues, l'auteur s'engage souvent dans des descriptions de de genre: "VICTORIA CONSTANTINI AVG avec les mots VOT et XXX inscrits en deux lignes à l'intérieur d'un bouclier." Vous pourrez aussi rencontre pour cette monnaie, une telle description: "VICTORIA CONSTANTINI AVG / VOT XXX". Si la première description est précise, la deuxième l'est, en revanche, beaucoup moins. Que souhaitons nous, lorsque nous lisons un ouvrage ou même une description d'une vente etc? Pouvoir imaginer la monnaie le mieux possible, si aucune illustration n'est disponible.

 

Sommaire:

  • Écriture des espaces revisitée.

           comment affirmer si il y a une coupure ou non

  • Notation des points.
  • Nouvelle manière d'écrire la position d'un mot dans un champ ou élément du dessin.
  • Codification complète des légendes.

 

Écriture des espaces revisitée

 

  Un problème souvent rencontré: les espaces entres les mots ou au milieu d'un même mot. Exemple:

 

Monnaie de Valérien I, Aureus type VICTORIA AVGG.

 

Monnaie de Florien, Aureus type VICTORIA GOTTHICA.

 

Source des deux monnaies: http://www.arsclassicacoins.com/

 

  La première monnaie, si l'on inscrit les légendes correctement, avec leurs coupures (chose qui est souvent oubliée, on notera par ailleurs que Numismatica Ars Classica, note correctement les légendes). On obtient: VICT - ORIA – AVGG. On a souvent habitude d'écrire VICTORIA AVGG et j'explique pourquoi la coupure est ou n'est pas inscrite plus bas dans cet article.

  Pour la deuxième monnaie, on obtient: VICTO - RIA GOTTHICA. Dans ce cas précis, la coupure est nette et indubitable. Seulement! Là où j'ai choisi un système nouveau, c'est dans l'écriture de la coupure: je mets le tiret du 6 ( - ) et non alt + 0150 ( – ) comme tout ceux qui pensent à inscrire une coupure le font. Pourquoi? Parce que je diffère une coupure de légende pour un même mot et une coupure entre deux mots différents. Mais pour quelle raison s'ennuyer à le faire? Pour plusieurs raisons: certaines personnes qui lisent cet article, un ouvrage ou encore une description de vente, n'ont aucune connaissance en latin, ou ne connaissent pas les abréviations courantes pour les titres, par exemple. M COMM ANT P FEL AVG BRIT ici, pour être clair j'ai séparé chaque mot par un espace, mais entre nous, pensez vous qu'un débutant aurait compris par lui même que COMM et ANT sont deux mots différents? COM MANT? COMMAN T ? Voilà ce qui va probablement lui poser problème lorsqu'il déchiffre une monnaie. Pour nous autres, ce choix d'écriture de coupure permet une lecture plus agréable, surtout pour les légendes longues de de genre: T IMP AVG F COS – II CAESAR DOMITIAN AVG F COS DESIG II / S – C. Si un seul espace se trouve entre un mot et un chiffre romain (donc noté alt + 0150 ( – ) ) on peut se retrouver avec deux espaces ou plus, suivant si un ou plusieurs éléments du dessin traversent la légende ou que le graveur a choisi d'espacer pour une autre raison. Exemple fictif: T IMP AVG F COS – II CAE - SAR DOMITI - AN AVG F COS DESIG II / S – C. Cette légende est fictive mais montre comment mon système peut simplifier la lecture. De toute manière si l'on veut être précis, autant différencier un espace entre deux mots d'un espace dans un même mot. Petite précision, mais vous l'avez compris, lorsque deux mots sont proches mais sans un grand espace entre eux deux, on utilise un espace simple (barre d'espace) comme lorsque l'on écrit normalement.

 

comment affirmer si il y a une coupure ou non

 

 

Pour la grande majorité des descriptions, si un élément du décor entre dans la légende, cela n'est pas noté en tant que coupure. Tout ceci est subjectif. Mais je suis d'accord avec cette position. Cependant, alors que 90% des auteurs ne notent aucune coupure dans le cas d'un élément du dessin entrant dans la légende, j'ai choisi de noter quelques exceptions. Regardons l'Aureus de Valérien I ci-dessus. L'auteur avait noté VICTORIA AVGG, donc sans aucun espace. Pour ma part, j'ai noté VICT - ORIA – AVGG. Car on voit un plus grand espace entre le T et le O de VICTORIA, qu'entre toutes les autres lettres et  la couronne, même si elle n'entre pas directement dans la légende, semble provoquer cet écart. Et que la palme traverse entre le A de VICTORIA et le A de AVGG.

  Quels sont mes critères? Si un élément du dessin dépasse d'au moins la moitié dans la légende et provoque un espacement, si un espace plus grand entre deux lettres apparaît avec un élément du dessin proche de cet écart, alors il y a coupure. Par contre, il arrive qu'un élément du dessin entre dans la légende mais ne provoque pas d'espace plus grand qu'entre les autres lettres. Et même si cet élément traverse une lettre totalement. Dans ces deux cas je considère qu'il n'y a pas de coupure.

  Pourquoi encore, arriver à un tel degré de précision? Parce que, selon moi, cela est utile pour plusieurs raisons: noter chaque chose sert toujours, même le plus infime détail. Exemple, dans le cadre d'une comparaison de coin*, on pourra écarter immédiatement une monnaie car une coupure n'est pas présente sur l'autre monnaie. Mais ce n'est pas le plus important: on a parfois deux monnaies du même type avec exactement la même légende, mais les espaces ne sont pas les mêmes. Hasard? Parfois oui, parfois non. Il se peut que l'on ait volontairement différencié deux légendes pour marquer deux frappes distinctes. Il arrive que l'on frappe (par exemple) des deniers dans une certaine quantité et que quelques temps après on refrappe ces deniers. On crée alors de nouveaux coins si les anciens sont trop usés. Pourquoi ne pas imaginer que les graveurs auraient choisi une petite différence entre ces deux "séries"? C'était tout de même des artistes, pourquoi ne signeraient-ils pas leurs différentes oeuvres de cette manière? Sortons des conjectures et entrons dans une réalité connue: oui, les frappes sont controlées et différenciées. Les marques dans le champ, d'atelier à l'exergue ou ailleurs servent à différencier ces séries, les officines etc... pour un meilleur contrôle des émissions. Il est donc  raisonnable d'imaginer que  ces coupures ont leur importance. Même si dans une grande majorité il s'agit juste du désir du graveur, sans aucune raison logique, d'autres cas ont leur importance. Faire un inventaire complet et précis n'est jamais inutile et cela prend très peu de temps.

     * Liaison de coin: dans l'antiquité on gravait les monnaies à la main, on créait des "coins" en creux, qui servaient à imprimer ensuite en relief la monnaie (ou plus précisément les flans vierges qui, un fois imprimés, deviennent une monnaie). Il fallait donc deux coins pour imprimer une monnaie. Un d'avers et un de revers. Retrouver un même coin d'avers ou de revers sur deux monnaies partageant un avers ou un revers différent est très important dans la recherche numismatique et permet de dater des frappes.

 

Notation des points

 

  On rentre ici dans un sujet particulièrement délicat. Noter une légende avec points est difficile pour la simple raison que deux cas de figures posent problème:

- L'usure ou coin bouché*: il arrive que l'on rencontre une légende avec points dont l'existence ne laisse aucun doute. Mais parfois il en manque certains dans la légende. Usure? Coin bouché? Pourquoi avoir noter un point entre TR P et IMP mais pas entre IMP et COS? Les points étants petits, il sont beaucoup plus susceptibles de disparaître.

- Défaut de flan ou dépot: on voit parfois des points apparaître sur une monnaie, il peut s'agir d'un défaut de flan, une petite boursouflure ou d'un dépot. Avec la monnaie en main, on peut facilement écarter ces deux cas, mais sur photo cela devient plus difficile.

- Le coin abîmé ou plus connu sous le nom de coin cassé. (si vous êtes arrivé jusqu'ici vous savez déjà ce qu'est un coin, sinon reportez vous plus haut à la note "* Liaison de coin" juste au dessus de ce chapitre). Le cas du coin usé est différent de "L'usure ou coin bouché" mentionné plus haut. Cette fois ci on parle de l'usure du coin. Les chocs répétés peuvent occasionner le décollement d'un bout de métal du coin, cela occasionnera donc une impression en relief. J'ai choisi d'utiliser le terme "coin abîmé" car les coins cassés donnent le plus souvent une ligne en relief sur la monnaie ou une forme large et non symétrique, plutôt qu'un point. Un défaut de flan, peut aussi abîmer le coin qui le frappe.

  Voici donc comment j'écarte ou non la présence de points avec une photo ou avec la monnaie en main, premièrement: la forme. En grossissant la monnaie avec un logiciel ou une loupe on peut voir des irrégularités du point indiquant clairement que ce point n'a pa été gravé. Deuxièmement, si il y a un seul point sur la monnaie, cela est douteux, il s'agit probablement d'un des cas cités ci-dessus. mais il faut quand même regarder attentivement sa forme, il se peut qu'un seul point ait été gravé ou encore que les autres aient disparu. Les cas où des points apparaissent dans la légende avec des positions totalement différentes, en haut d'une lettre, puis en bas etc... et aussi la présence d'autres petits points dans le champ de la monnaie (attention aux marques d'atelier dans le champ ou l'exergue qui peuvent comporter des points) rendent aussi ces points douteux. Il convient encore d'analyser attentivement ces points car les monnaies présentant de vrais points positionnés différemment existent. Enfin, dernier cas douteux, les points apparaissant et découpant des mots de manière illogique dans la légende sans espace entre les points et les lettres.

  J'écarte les cas douteux et note dans ce cas les légendes sans point. Si on ne peut écarter ou affirmer la présence de points mais que leur présence est tout de même probable , je note la légende sans point mais avec une note mentionnant ces points en dessous. Un moyen simple de confirmer la présence de points est de comparer avec d'autres monnaies du même type mais avec des coins différents. Si je retrouve également ces points, il est certains qu'il faut les noter car ils font partie de la gravure.

 

* Coin bouché: lorsqu'après une frappe, un bout de métal se détache et reste coincé dans le coin, dans une partie creuse. Cet évènement provoque la disparition d'une lettre, un point ou un élément du dessin étant donné que la partie creuse censée l'imprimer est bouchée.

 

 

Nouvelle manière d'écrire la position d'un mot dans un champ ou élément du dessin

 

  Comme expliqué au début de l'article, noter les mots présents dans un élément du dessin, comme pour le type BEATA TRANQUILITAS ou BEATA TRANQLITAS présentant une légende autour de l'autel et des mots inscrits dans l'autel tels que VOT IS XX et F B dans le champ est souvent long et imprécis. 

 

Monnaie de Crispus, follis de type BEATA TRANQLITAS.

 

Source de la monnaie: https://www.cngcoins.com/

 

  Je propose, pour simplifier l'écriture, de noter les éléments dans le champ avec slash ( / ) , ainsi que et les mots inscrits dans l'autel avec des parenthèses. Voici donc la légende telle que je l'ai définie: BEATA – TRANQLITAS ( VOT _ IS _ XX ) / F – B. Le tiret du 8 ( _ ) sert à marquer la position d'un mot dans le bas d'une monnaie, à l'exergue. Quand un mot est inscrit en dessous d'un autre, dans un élément du dessin, j'utilise aussi le tiret du 8. Cette manière de noter est plus rapide, simple et précise. 

 

Codification complète des légendes

 

Comment lire les légendes codifiées:

Une "légende" est le terme numismatique désignant les mots inscrits sur une pièce. Très souvent inscrite en cercle sur les bords de la monnaie.

- Tiret du 6 ( - ) désigne un espace dans le même mot. Exemple: VETRANIO qui est écrit VETRA - NIO.

- Grand tiret ou alt + 0150 ( – ) désigne un espace entre deux mots différents ou mot et un chiffre romain. Exemple: IMP et VETRANIO ainsi que COS et II deviendront IMP – VETRANIO ou COS – II.

- Slash ( / ) désigne un mot dans le champ de la monnaie. Le champ en numismatique désigne la partie centrale. Un mot qui est donc inscrit verticalement, non pas le long de la monnaie mais au centre. Exemple: / S – C.

- Tiret du 8 ou tiret bas ( _ ) désigne un mot qui se trouve dans le bas de la monnaie, en dessous du dessin, généralement sous la ligne du sol. Exemple _ VENUS. Attention: les marques d'ateliers ne sont pas notées. Comment différencier une marque d'atelier et une légende? Une légende est un mot ou un début de mot. Une marque d'atelier est constituée de lettres et symboles: SIS par exemple.

- ( ) mot entre parenthèses signifie qu'il est inscrit dans un élément du dessin, exemple: dans un bouclier.

- (VIC _ AVG) veut dire que les mots VIC et AVG sont inscrits en deux lignes et que AVG est en dessous de VIC, tous deux inscrits dans un élément du dessin.